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  Hafsa Benmchich 

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Wolfman

 
BELLES LETTRES D'AMOUR 
 

Voici diverses lettres fictives ou Anonymes 
Très cher Ludovic, 
Nos regards se sont croisés ce soir, à la soirée d’adieux, et l'étincelle qui allumait vos yeux m'éclaira toute la nuit pour me permettre de vous écrire cette lettre.  
Que puis-je dire sinon que vous m'avez plu ! 
Votre culture, votre charisme, votre charme, bref, que pourrais-je désirer de plus que d'être la source de cette lueur dans vos yeux ! 
Il n'est pas toujours convenable pour une jeune demoiselle d'avouer ses sentiments à l'être convoité, mais je ne peux laisser filer entre mes doigts la chance de passer à vos côtés des moments que nous pourrons qualifier d'inoubliables. 
Imaginez la série de feux d'artifices lorsque nos regards se croiseront à nouveau. 
Je vous demande donc de mettre un peu de magie dans un monde qui est souvent trop drabe, et d'accepter de faire une entrée féerique en ma compagnie dans un monde que vous ne voudrez plus quitter: celui de l'amour!

 
 

Passionnément vôtre, SD.

 
 
 

Style féodale et ancien 
Mon cher François, 
vous qui maintes fois convoité avez su gagné si précieusement mon cœur, sachez que lorsque nos deux âmes unies auront atteint l'insoutenable légèreté de l'être, partout à cent lieux de votre royaume les héraults annonceront notre bonheur et Dieu, dans son palais de lumière, enverra ses millions d'angelots pour que l'enfant de rubis aux yeux de diamants connaisse la joie du bonheur parfait qui peut unir deux êtres et que tous les centaures et les sirènes des autres contrés viennent vaincre la misère du genre humain en offrant l'irréfutable sagesse que le temps infini a su leurs donner en échange de leurs âmes pour que nous, pauvres mortels, qui ne sont en fait que simples pêcheurs, puissions vivre l'éphémère miracle du ciel lorsque la nymphe déesse de l'amour nous laissera le fruit intime de sa chair, don ultime de la carabosse, son ennemie jurée, qui lorsqu'elle recouvre de sa chape noire la nature endormie, celle-ci s'éteint comme le flot de pensées qu'une seule âme peut émettre. 
Tout ceci est la grandeur d'un sentiment que nous appelons AMOUR et c'est ce sentiment que j'éprouve pour vous. Lorsque ce sentiment sera réciproque cette folie que je viens d'écrire apparaîtra bien futile et sans aucune saveur face à ce que nous vivrons vraiment. Sachez seulement que cette passion est l'épice de nos vies et que sans elle nous ne sommes rien.

 
 
 
 
 

À jamais à vous M

 
 
 
 

Première lettre du Voyant (à Georges Izambard, 13 mai 1871)

 
 
 
Charleville, 13 mai 1871. 
 

Cher Monsieur ! 

 
Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m'avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. - Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je déterre d'anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me paie en bocks et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius. - Je me dois à la Société, c'est juste, - et j'ai raison. - Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd'hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire, - pardon ! - le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n'a rien fait, n'ayant voulu rien faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j'espère, - bien d'autres espèrent la même chose, - je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! - Je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris - où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.

 
 

Maintenant, je m'encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre Voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. - Pardon du jeu de mots. - Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait !

 
 

Vous n'êtes pas Enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C'est de la fantaisie, toujours. - Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni - trop - de la pensée :

 
 

Le Coeur supplicié 
 
Mon triste coeur bave à la poupe.... 
Mon coeur est plein de caporal ! 
Ils y lancent des jets de soupe,  
Mon triste coeur bave à la poupe... 
Sous les quolibets de la troupe  
Qui pousse un rire général, 
Mon triste coeur bave à la poupe 
Mon coeur est plein de caporal ! 
 
Ithyphalliques et pioupiesques 
Leurs insultes l'ont dépravé ; 
A la vesprée, ils font des fresques 
Ithyphalliques et pioupiesques ; 
Ô flots abracadabrantesques, 
Prenez mon coeur, qu'il soit sauvé ! 
Ithyphalliques et pioupiesques 
Leurs insultes l'ont dépravé !  
Quand ils auront tari leurs chiques, 
Comment agir, ô coeur volé ?  
Ce seront des refrains bachiques  
Quand ils auront tari leurs chiques : 
J'aurai des sursauts stomachiques  
Si mon coeur triste est ravalé !  
Quand ils auront tari leurs chiques, 
Comment agir, ô coeur volé ?

 
 

Ca ne veut pas rien dire. - Répondez-moi : 
M. Deverrière, pour A. R. 
Bonjour de coeur,  
Ar. Rimbaud.

 
 
 
 
 
 
 
 

Lettre ouverte au Diable

 
 
Pessac,20-25 Juillet 1971 
 

toi, mon ami, je te connais. Je n'ai aucune peine à croire en toi. Tu existes, je t'ai rencontré. Je te rencontre tous les jours dans la rue, dans mon metier, dans la journal, dans ma glace, le matin quand je me rase. 
Je me demande même si c'est la peine que je t'écrive, tant nous avons souvent l'occasion de causer. Mair pour une fois c'est moi qui ai la parole. Tu ne m'interrompras pas avec tes bonnes raisons, comme tu sais si bien le faire. Si tu veux ma répondre, il faudra que tu m'écrive à ton tour. Et c'est là que je te tiens. Tu es le pire écrivain que je connaisse.  
Causeur, oui, et brillant. Cela te donne confiance. Tu t'écoutes parler. Mais quand il s'agit de te mesurer avec les mots, alors tu as peur. Tu t'enfuis, tu t'évanouis, tu prends le large. Rien de tel quand tu hantes un esprit, quand tu habites une âme, que de te laisser prendre la plume un instant. Le noir éclat des mots sur la page, la calme assurance des phrases rangées en bataille, le déploiement du discours te font sentir ton impuissance et tu laisses là ces créatures que tu n'as pas su asservir. Cela s'appelle la littérature et c'est bien utile...

 

Je ne crie pas victoire, crois le bien. Tu ne fuis que pour revenir l'instant d'aprés, plus insistant, plus insinuant, plus séduisant que jamais. D'ou vient ta force ? 
Je crois que c'est ta peur qui est contagieuse. Elle a commencé au sein des ténèbres, dans l'inpensable solitude de tes origines, dans cet avant quelque chose, dans cet au-delà de tout ce qui est comme un gouffre vertigineux autour de notre destin et dont tu es né. Est-ce ton souffle terrorisé qui flottait sur l'abîme? Quand la lumière vint, et le monde, et les hommes, cela ne te débarrassa pas de ta peur, mais au moins avais-tu quelqu'un avec qui la partager.  
Sans toi je ne crois pas que les hommes auraient connu la peur. Elle n'est pas dans leur nature. Ce qu'on appelle le courage n'est qu'un vieil instinct qui remonte à la surface dés que tu as le dos tourné.  
Mais tu es vigilant. Tu as tes petits enfers portatifs, boîtes à néant ou tu plonges pour qu'ils y suffoquent, l'enfant qui appelle dans le noir, l'adolescent qui s'affole au long des heures vides, l'homme qui sent venir la mort toujours trop lentement ou toujours trop vite. Ton mal, c'est l'insécurité et c'est aussi ton arme.  
Bien sûr, on ne peut pas te mettre sur le dos. Nous sommes en fin de compte des victimes consententes, et si tu t'en allais, je pense que nous te regretterions au point de te chercher un remplaçant. Si notre nature tente, parfois victorieusement, de te résister, toute notre société a été bâtie pour servir tes desseins.

 

La hiérarchie d'abord. C'est ton fort. Oh, tu n'es pas un autocrate. Ce n'est pas toi qui commettrais l'erreur de te proclamer monarque tout puissant du ciel et de la terre. Bernard Shaw t'a représenté dans une de ses pièces comme un bon administrateurs gérant sans méchanceté et sans imagination une communauté de gens de bien, respectueux des usages, des formes, des conventions et autres commodités de la vie sociales, uen sorte de président de la République, en somme, plus porté sur les expositions de chrysanthèmes que sur la grande politique. C'est assez bien vu. Tu aimes le pouvoir sans drame.  
L'essentiel pour toi, ce sont les petits mensonges quotidiens par lesquels on confesse sa soumission à l'ordre des choses. C'est par la peur que tu les obtiens de nous.  
Je ne parle pas forcèment de terreur, bien que tu ne recultes pas devant elle quand il faut, je parle de cette peur sournoise et souterraine qui fait qu'on accepte, qu'on obéit, qu'on respecte, sans toujours se demander pourquoi, mais en fait parce que c'est le prix de la sécurité.  
Du moins vaudrais-tu nous le faire croire. En réalité, c'est un marché de dupes comme tous ceux que l'on conclut avec toi. Dés que les hommes sont ensemble, dés qu'ils ont un langage commun, dés qu'ils s'éveillent à la communication mutuelle, tu es parmi eux pour leur souffler que tout ce qui est extérieur au groupe est une menace, que tout ce qui est différent est un danger, que tout ce qui est nouveau est un risque. Tu leur offre ta protection contre ces périls avec d'autant plus de succès qu'ils ne sont pas toujours imaginaires. Il faudrait seulement avoir le courage de les regarder en face et de les déjouer, de les combattre, de les vaincre un à un. C'est ce que nous faisons quand tu nous laisses un peu de répit. Les grandes périodes de crise en sont l'occasion, car tu as tant à faire alors que les fils t'échappent. Tu ne peux pas à la fois tenir tes gestapos en main et séduire les résistances.

 

Ce que tu préfère, ce sont les périodes stagnantes ou l'histoire croupit. Elles deviennent rares, car le grand courant de destin s'écoule de plus en plus vite, mais tu n'en as que plus beau jeu pour offrir au vertige qui s'empare de nous l'illusoire recours des remous, des bras morts, des barrages. Pêcheurs d'âmes, tu n'es jamais bredouille. 
C'est pourquoi tu es passé maître dans l'art du discours électoral. Celui que tu fis jadis à nos ancêtres dans le Jardin de l'Eden était assez réussi. 
Tu leur disais en somme que s'ils t'écoutaient, ils auraient la responsabilité de leur existence et qu'au lieu d'être les maîtres dérisoirs de la création, ils seraient les maîtres d'eux-mêmes.  
Ce n'était, bien entendu, que promesses électotrales. Cela ne t'engageait pas à grand-chose de tenir ce langage exaltant à un couple perdu dans l'immensité d'une planète neuve. tu savais bien que les choses seraient toutes différentes quand le couple deviendrait famille, la famille tribu, la tribu nation et la nation multitude. Tu savais que les hommes ne seraient pas maîtres d'eux-mêmes, mais prisonniers d'eux-mêmes et que, promus à la conscience divine, ils s'enchaineront mutuellement par les craintes qu'ils inspirent les uns aux autres.

 

Tu as gagné, tu peux te frotter les mains. Mais ne crie pas trop vitre victoire. Etrenel Trompeur, tu es aussi l'éternel trompé. Dans tous les domaines c'est comme en littérature: ta faiblesse est de ne pouvoir contrôler ce que tu libères. Et tu n'en as pas fini avec ce que tu as libéré ce jour-là dans l'Eden.  
Tes paroles ne sont pas tombées dans l'oreille de sourds. Malgré les déceptions millénaires, elles ont fait leur chemin dans le secret des consciences. Au fond de nous-mêmes nous n'avons rien oublié. Nous avons transformé en revendication ton attrape-nigaud.  
Cette revendication, il y'a toujours eu des gens pour la formuler, mais ils étaient rares. A travers les siécles ils sont devenus de plus en plus nombreux, plus audacieux, plus agressifs, plus forts.  
La lutte est engagée. A grand détours, à grands frais, peureusement, rageusement, cruellement, mais inéluctablement, nous allons vers la remise à chaque homme des moyens de sa liberté individuelle dans la cadre d'une coexistence avec tous les autres hommes.

 
 
 
Robert Escarpit 
 
A suivre ...  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(c) Hafsa Benmchich - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 22.04.2006
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